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Le salariat temporaire : fragilité ou force invisible du travail agricole ?

A l’heure où le renouvellement des actifs en agriculture devient une question cruciale, la Chaire Mutations Agricoles interroge les recompositions des parcours (ou carrières) tant des exploitants que des salariés. Parmi eux, les salariés temporaires sont une catégorie tout à la fois importante (ils sont plus de 700 000, soit bien plus nombreux que les chefs d’exploitation !) et pourtant peu visible… Aujourd’hui, les agriculteurs-employeurs formulent des difficultés à recruter. Cela semble un paradoxe alors même que les agriculteurs proposent des emplois souvent peu qualifiés, et que le nombre de salariés dans ce secteur est en augmentation continue depuis plusieurs décennies. En s’appuyant sur le contexte singulier du confinement de 2020, l’enquête dirigée par Guilhem Anzalone explore ce désajustement entre l’offre et demande de main-d’œuvre. Sa contribution, comme celle de Camille Leperlier, rend compte de la diversité des situations d’emploi et des dispositifs d’appariements entre employeurs et salariés tempo-
raire, des pratiques et des enjeux sous-jacents. Ce désajustement ne saurait se comprendre sans interroger ce que recouvre le salariat temporaire du point de vue des salariés eux-mêmes. En s’appuyant sur une enquête approfondie auprès de saisonniers, Nicolas Roux éclaire leurs trajectoires et interroge ce que durer comme salarié agricole veut dire pour ces actifs méconnus.

• Le travail saisonnier dans l’agriculture reste marqué par la pénibilité, la précarité et le recours massif à une main d’œuvre étrangère (N.Roux, G.Anzalone). La « soutenabilité » du travail saisonnier peu qualifié repose en particulier sur la possibilité de le tenir à distance, tout en ayant un minimum de temps de travail dans l’année (N. Roux, C.Leperlier) ;
• Les problématiques liées à la main d’œuvre locale ainsi qu’à la reconnaissance de compétences et de dispositions au travail amènent les groupements d’employeurs à s’interroger sur la fidélisation des salariés agricoles et sur les conditions d’exercice de ces métiers (N.Roux, G.Anzalone, C.Leperlier) ;
• Dans certains cas, les groupements d’employeurs peuvent contribuer à améliorer la qualité des emplois, lorsqu’ils créent des CDI ; et la qualité du travail, lorsqu’ils mettent en place des dispositifs de développement des compétences et de parcours professionnels, d’une part ; et lorsqu’ils réalisent un travail d’accompagnement et de formation des agriculteurs-employeurs sur l’accueil des salariés, d’autre part (N.Roux, C.Leperlier) ;
• Aux dispositifs informels (bouche-à-oreille), s’ajoutent aujourd’hui une diversité d’initiatives et d’outils formels qui permettent de faire carrière dans l’emploi saisonnier. Les saisonniers voient s’améliorer leurs conditions de travail, la reconnaissance de leurs qualités professionnelles et la possibilité de moduler leur activité de travail sur l’année (G.Anzalone, C.Leperlier)

 

Synthèse Atelier-conférence salariat agricole temporaire