En France, pour l’essentiel, l’approche sociologique des réalités rurales relève aujourd’hui de thématiques qui appréhendent le métier d’agriculteur en l’étudiant de l’extérieur, par exemple à partir des effets de la politique publique sur le secteur agricole et la ruralité, ou des positions des agriculteurs devant les pressions agro-environnementales, ou encore des controverses technico-scientifiques sur le vivant. On pourrait leur ajouter deux thématiques : l’une, concernant les processus sociaux des innovations contemporaines, centrée sur la question de l’acceptabilité sociale ; l’autre, sur les évolutions de l’organisation professionnelle de l’agriculture (en particulier concernant le conseil et le syndicalisme).
Pour répondre aux préoccupations évoquées ci-dessus, nous proposons une approche fondée sur la dimension productive des activités des agriculteurs : quelles sont les mutations de leur travail, de leurs métiers, de leurs entreprises, situées dans leur contexte sociétal ? Au-delà du terme générique d’agriculteur, nous entendons analyser les processus de changement et de différenciation qui recomposent, et notamment qui segmentent leur profession, comme on le voit par exemple depuis les années 2000 à travers les déséquilibres professionnels et les tensions économiques entre les producteurs de grandes cultures et ceux du monde animal.
Nous partons de l’hypothèse d’une segmentation croissante du métier d’agriculteur, qui se traduit par un éclatement des identités et des conceptions collectives dans différentes dimensions de leurs activités :
Cette segmentation est structurée par des mondes agroalimentaires organisés en filières, mais il est en même temps contrebalancé par des pressions d’intégration de l’agriculture dans des dynamiques de développement territorialisées.
À travers cette thématique, nous souhaitons développer des recherches sur différents segments professionnels de l’agriculture et les comparer à d’autres métiers en milieu rural, comme par exemple l’artisanat, le commerce, ou la santé humaine, tout en s’interrogeant sur leurs interactions.
L’étude des formes et des logiques d’action collective des agriculteurs a été particulièrement développée par la sociologie rurale et les sciences politiques au cours des années 1960-70, puis elle s’est sensiblement réduite même si, depuis une dizaine d’années, on peut observer un regain d’intérêt sur cette thématique, essentiellement autour du syndicalisme.
Nous entendons développer des recherches sur 3 dimensions de l’engagement collectif des agriculteurs :
Les processus contemporains d’innovation en agriculture portent principalement sur 2 dimensions du métier : les méthodes de production et de travail et l’organisation de l’exploitation, et l’entreprise dans ses rapports avec les filières et les territoires.
Ils s’accompagnent de l’émergence d’enjeux nouveaux pour les agriculteurs, en mobilisant des dynamiques inédites avec de nombreux milieux techniques et scientifiques, portant notamment sur l’agro écologie, la génomique, la robotisation du travail, le recyclage des déchets et des effluents, les énergies renouvelables, la logistique, et l’informatisation.
Ce troisième axe thématique vise à analyser :
L’objectif de la Chaire Mutations Agricoles est de comprendre et expliquer les mutations des métiers de l’agriculture, en s’inscrivant dans les questionnements des acteurs du monde agricole et rural. Devenir membre de la Chaire, c’est avant tout coproduire et partager des connaissances… C’est entreprendre des recherches en partenariat (travaux de master, doctorat…), réfléchir à de nouvelles offres de formations initiale et continue avec et dans les entreprises partenaires, construire un processus de dialogue sur la recherche. Cette dynamique partenariale sera pour vous et pour nous un formidable outil de réflexion, de communication stratégique, et un lieu de débats sur les problématiques présentes et à venir des professions agricoles. Pour « Nourrir le monde d’intelligences », développons des recherches sociologiques en partenariat !
[sibwp_form]